En cette période de rentrées scolaire et politique, le débat public semble préfigurer le ton qui sera adopté tout au fil de la campagne présidentielle. Nous le savons tous, les sujets qui ont le plus de chances d’être abordés tournent autour de l’identité, du terrorisme et de l’islam, ce triptyque que nos politicien(ne)s de tous bords semblent avoir adopté et qui fait l’effet d’un élixir électoraliste à ses comédiens qui ne jurent que par leur maintien au pouvoir et la perpétuation d’un système à bout de souffle. Alors oui, les principaux candidats à la primaire de la droite, Emmanuel Macron ou encore Manuel Valls parlent bien d’autres sujets comme la baisse drastique des dépenses publiques (100 Milliards d’€ en cinq ans pour les candidats à la primaire de Les Républicains) mais jamais il n’est question de notre système éducatif. Pour être totalement honnête, François Fillon a bien parlé d’éducation mais nulle envie de révolution chez lui. Ou alors oui mais plutôt d’une révolution conservatrice qui fleure bon la contre-révolution intellectuelle – il souhaiterait que les cours d’Histoire soient conçus comme un récit national qui n’incite pas à réfléchir ou à avoir honte de l’histoire de la France. Quant à Nicolas Sarkozy, sa seule proposition est d’envoyer en service militaire tous les décrocheurs, comme si l’armée pouvait palier les manques du système éducatif.
Tout juste Najat Vallaud-Belkacem a-t-elle proposé d’interdire les Pokémons rares dans les écoles pour lutter contre la déconcentration. Elle a balayé d’un revers de main les critiques, à mon sens pertinentes et fondées, de Thomas Piketty sur les inégalités criantes de notre système éducatif. Ne considérant pas, à l’inverse de notre Premier ministre, que la question identitaire supplante la question sociale, je reste profondément convaincu que l’école reste le moyen le plus sûr de réduire les fractures dans notre pays et de lutter contre la dislocation qui guette notre société – si tant est que la dislocation en question n’est pas déjà trop avancée. Voilà désormais quelques décennies que notre école, à l’instar du pays, est en crise. Mais, une crise qui dure plus de trente ans n’est pas vraiment une crise, si ? Arrivés à un certain point, il nous faut, je pense, nous interroger sur le système en place. Comme le disaient les Indignés espagnols, ce n’est pas une crise c’est le système. Voilà désormais plus de trente années que s’est fait une nuit de plus en plus noire sur le système éducatif et sur le pays – je pense que les deux sont intimement liés et j’y reviendrai plus tard. Les unes après les autres les étoiles se sont éteintes pour aboutir à la transformation de l’école républicaine en astre mort qui ne remplit plus la mission qu’on lui avait originellement fixé. J’ai, un temps, cru aux balivernes d’élévation sociale, d’égalité des chances, de démocratisation scolaire ou encore dans la culture comme moyen de réduire les inégalités. Tous ces éléments se sont avérés être des leurres savamment mis en place pour nous empêcher de penser un aggiornamento éducatif. Faut-il pour autant baisser les bras ? Je ne le crois pas et c’est dans cette optique que ce travail réflexif s’inscrit. Lire la suite →